Centre de recherche en intelligence artificielle de Google à Accra, en 2019 © CRISTINA ALDEHUELA/AFP

Quand Google Traduction s’attaque aux langues africaines, l’appel du collectif IdemiAfrica

Image internet

Depuis le mois de mai, #Google propose des traductions pour dix nouvelles langues africaines.

Ce fut un moment d’euphorie perçu sur la toile comme une avancée pour ces langues.

Mais comment les revaloriser sur internet tout en gardant le contrôle de nos données ?

Sinatou Saka nous en parle dans une tribune de jeune afrique à découvrir ici https://www.jeuneafrique.com/1353924/culture/quand-google-traduction-sattaque-aux-langues-africaines/

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« Sur Internet, nous devons affronter le privilège des langues dominantes » Gerald Roche

Gerald Roche est anthropologue et chercheur principal à l’Université de La Trobe, et auparavant à l’Institut asiatique de l’Université de Melbourne. Ses recherches portent sur les politiques de mise en danger et de revitalisation des langues, avec un accent régional sur le Tibet. Il a récemment co-édité le Routledge Handbook of Language Revitalization. Son projet de recherche actuel porte sur la politique ethnique et la diversité linguistique dans les régions tibétaines de Chine. L’étude examine la situation sociolinguistique de la population de Rebgong, une région multiethnique et multilingue du plateau du nord-est du Tibet où les Monguor constituent une minorité linguistique.

Que pensez-vous de la situation des langues minorisées sur internet ?

Je pense que le grand problème pour les langues dans les espaces numériques est que les politiques du monde réel ont tendance à se reproduire dans l’espace digital: le même déséquilibre des ressources, les mêmes hiérarchies de respect et de valeur, les mêmes stéréotypes et préjugés.

Ainsi, par exemple, Internet est toujours un environnement dominé par le texte, et il y a cette idée que pour que les langues soient présentes sur Internet, elles doivent être réduites au texte — même s’il existe d’énormes possibilités d’avoir une présence en ligne dynamique. Lorsque des langues minorisées pénètrent l’espace numérique, elles sont souvent soumises aux mêmes normes de présentation que des langues bien mieux dotées en ressources. Ainsi, par exemple, lorsque le COVID-19 a commencé à se répandre en Chine, le gouvernement ne fournissait pas d’informations dans les langues locales. Les communautés ont elles-mêmes entrepris le travail de traduction et produit des vidéos expliquant des informations vitales sur la santé publique dans les langues locales. Mais certaines personnes dans ces communautés ont réagi en disant que les vidéos n’étaient « pas professionnelles ». Même lorsqu’ils obtenaient des informations vitales dans leur langue, les gens jugeaient toujours nécessaire de juger le contenu en fonction des normes établies par des langues bien mieux dotées en ressources.

Pourquoi la diversité linguistique est-elle importante sur Internet?

Mon approche est de me concentrer sur les gens qui parlent ces langues plutôt que sur les langues elles-mêmes. Je pense que la langue est une question de justice sociale. Donc, ce n’est pas seulement que la diversité linguistique est négligée sur Internet, il est important de dire que l’Internet doit être un espace ouvert où tout le monde peut participer de manière égale. Il devrait être un espace où les gens ne subissent pas de discrimination. Mon objectif n’est pas de promouvoir la diversité linguistique pour elle-même mais de réduire la discrimination et d’accroître l’égalité fondamentale pour que ceux qui parlent les langues minorisées soient également entendus.

Comment la langue affecte-t-elle notre expérience Web?

Deux choses sont importantes ici. Premièrement, la langue peut créer des «bulles de représentation». Par exemple, je faisais des recherches sur Internet en tibétain. Les questions qui sont discutées, la façon dont les choses sont représentées, etc., sont totalement différentes des questions liées au Tibet sur Internet en anglais. Et deuxièmement, les mouvements politiques ont tendance à voyager à travers la langue dans les hiérarchies de pouvoir. Ainsi, par exemple, des communautés linguistiques plus petites et plus démunies sont susceptibles de connaître des luttes politiques plus vastes, mais pas l’inverse. Et cette inégalité dans la popularité des mouvements politiques est produite par les mêmes mécanismes qui produisent les inégalités politiques. Cela signifie que les «puissances» de l’analyse et de la production de théories ont tendance à produire des idées qui ont une pertinence limitée pour des luttes plus petites et des communautés plus localisées.

Je pense qu’à certains égards, nous pouvons penser que la «construction d’Internet» reproduit les mêmes problèmes qui se sont posés lors de la construction du système mondial d’États-nations, liés entre eux par le capitalisme mondial. Il a des dimensions à la fois locales et mondiales — il établit des hiérarchies au sein des États et entre eux. Et dans les deux cas, il y a des gens qui sont plus ou moins opprimés par ce processus. Comme Fanon a parlé des damnés de la terre, je pense que nous pouvons aussi penser aux « damnés d’Internet» …

Que proposez-vous ?

Par exemple, en Australie, j’aimerais voir tous les jours des sites d’actualités nationales ayant du contenu dans les langues autochtones en première page. Je pense que ce serait un excellent moyen de rappeler aux locuteurs de langues dominantes, qui en Australie sont souvent monolingues, l’existence d’autres langues … rappelant ainsi aux gens qu’il y a une différence, et donc une hiérarchie et des inégalités importantes. Mais en général, je pense que nous devons affronter le privilège des langues dominantes. Nous pensons souvent que l’activisme numérique pour les langues opprimées concerne l’autonomisation et l’inclusion — plus de plateformes, plus d’outils, plus de voix, etc. Et c’est bien. Mais ils ne suffisent pas si nous ne confrontons pas la domination injuste des autres langues. Si nous ne faisons que donner du pouvoir, nous invitons essentiellement les personnes et les communautés dans un environnement hostile. Cet environnement doit changer.

Cet article a été rédigé dans le cadre de la bourse pour les médias décerné par Paradigm Hq, une organisation qui milite pour les droits numériques en Afrique.

Entretien avec Idemi – Fabroni Bill YOCLOUNON et le clavier des langues béninoises

Internet est appelé à être un espace ouvert et multiculturel. Cependant, 80% des contenus existants sur internet sont dans 10 langues occidentales. Il y a donc un enjeu à produire des volumes importants de données dans les langues africaines pour rendre le web plus inclusif. Malheureusement, l’écriture de ces langues a souvent constitué une barrière. Pour répondre à ce problème, Fabroni Bill YOCLOUNON et ses amis ont lancé le 15 août dernier, un clavier des langues béninoises comme le Fongbé (3 millions de locuteurs natifs) et le Yoruba (30 millions de locuteurs). Selon le chercheur Don Osborn, spécialiste des langues africaines en ligne, « c’est un pas supplémentaire dans la visibilité de ces langues sur l’espace numérique ». Ce clavier permet d’envoyer des emails, des tweets ou encore d’écrire des articles de blog dans des langues béninoises. Nous avons discuté avec son fondateur.

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«Aussi délicieuse que soit la langue d’autrui, tu n’en connaitras pas le goût» – WAX

Quand vous vous baladez sur Twitter, surtout quand vous avez beaucoup d’amis sénégalais, il n’est pas rare de lire des conversations entièrement en wolof sur le réseau social. C’est ainsi que j’ai découvert Wax ( Wolof Ak Xamle ), un compte en wolof créé par Ismaila  Gueye.

jangwolof.com
Crédit: jangwolof.com

Il faisait partie de plusieurs groupes d’apprentissage du wolof sur l’application de messagerie Telegram mais la démarche de ces groupes ne lui semblait pas assez innovante. Il a donc décidé de lancer, en février 2018, son association d’apprentissage gratuite du wolof sur Whatsapp mais aussi des pages facebook, Twitter, Instagram, un compte Youtube, un site internet et un média pour la promotion de sa langue. 

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Kọ́lá Túbọ̀sún

Pourquoi écrire en yoruba sur internet?

Cet article est une traduction du texte du linguiste Nigerian Kola Tubosun, à lire ici en anglais: Why write in Yorùbá on the internet?

“ L’une des plaintes que j’ai souvent entendu, bien avant de commencer à travailler chez Google en tant que linguiste sur le traitement des langues, était que les résultats sur Google Translate pour un certain nombre de langues africaines étaient très mauvais.

En tant que féru de technologie de traduction depuis très longtemps, j’étais d’accord avec toutes ces personnes car j’avais rencontré plusieurs fois les mêmes problèmes sur Google Translate.

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Les initiatives en langues Africaines sur le COVID-19: Compte rendu webinaire #MeetIdemiAfrica #1

Compte rendu webinaire #MeetIdemiAfrica #1

Bonjour à toutes et à tous,
Vous aviez été nombreux à participer à notre webinaire du 8 mai dernier sur les « Initiatives en langues Africaines sur le Covid-19. » Votre souhait a, en effet, été exaucé et nous vous remercions pour votre présence. Retrouvez ici replay de la soirée.
Et ci-dessous un résumé des échanges:

Les initiatives présentées:

Les campagnes de prévention traduites en langues africaines par Je parle le Bassa 2.0

Stephie-Rose Nyot Nyot

Au début de la pandémie du Coronavirus en Afrique, Stephie-Rose Nyot Nyot de la plateforme Je parle Bassa 2.0 , devenu parleAfrique.com et qui rassemble aujourd’hui plus de 17.000 personnes sur les réseaux a lancé avec quelques collaborateurs des mini campagnes de sensibilisation en Bulu, en Bassa, Lingala, Ewé et Bambara . L’objectif était de mettre en avant les gestes barrières de manières inclusives afin d’atteindre un maximum de personnes pour mieux se préserver. Notons aussi que le Douala, le swahili, le kinyarwanda et le Wolof sont aussi des langues Africaines disponibles sur la plate forme .

Message de sensibilisation en Lingala
Message de sensibilisation en éwé

Les messages de sensibilisations sur le Covid-19 traduits en 17 langues locale par le gouvernement du Bénin.

Par Stévie Wallace

Les messages officiels au Bénin sont en général en langue française. Dans le cadre du Covid-19, pour adresser les messages à l’endroit des population analphabètes, le gouvernement a intégré dans sa politique de production des langues nationales. Aidé par les locuteurs en langues nationales de L’ORTB, les spots audios et vidéos en français ont été traduits en 17 langues locales et disponible en libre accès sur le portail du gouvernement du Bénin dédié à la pandémie . Les spots vidéo sont aussi accessible sur une playlist youtube . Des indicateurs de performances permettent de mesurer l’impact de ces mesures.
Notons aussi le projet E-Gboa’Souklou de Pierre Nboha en cote d’ivoire pour Apprendre Nos Langues Maternelles a été partagé par Stévie Wallace, responsable en charge de la communication digitale de l’action du gouvernement du Bénin et de la Présidence du Bénin.

Les artistes Béninois en campagne contre le Coronavirus

Par Gopal Das Nounagnon le Slameur

Gopal Das Nounagnon , artiste slameur en langues nous a présenté quelques initiatives des artistes Béninois qui ont produits des balades de sensibilisation en langues avec le concours du ministère de la culture du Bénin.
Avec l’équipe de www.beninlangues.com, ils initient des cours de grammaires en Langue Fongbé en ligne. Vous retrouverez plusieurs de clips vidéos sur sa page facebook

Collectif 229 (Bénin) contre le Coronavirus l Corona Blocus (Clip officiel)

La sensiblisation en langue locale au Mali

Par Kpénahi Traoré

Kpénahi, Ancienne rédactrice en chef en langue Madingue à RFI, nous a informé sur l’échange de contenu en langues Africaines qui ont lieu au sein de la rédaction pour contrer la désinformation sur le coronavirus.
Aussi une boite de communication Malienne a réalisé de façon bénévole des spots de sensibilisation dans plusieurs langues africaines dont le Bambara du Mali, le Malinké de la Guinée, l’anglais pidjin du Nigeria, le baoulé de la Côte d’Ivoire, le Haussa, Le Wolof, le lingala et le fulfudé. Le but est de diffuser ces spots de sensibilisation au coronavirus pour toucher toutes les communautés.

Les livrets de coloriage traduits en plusieurs langues locales

Par le magazine Ma famille

Le magazine Ma Famille destinée aux familles Africaines au Cameroun a créée en pleine pandémie du Coronavirus des livrets de coloriage en Français et en Anglais qui transforment les enfants en superhéros contre le covid-19 pour leur apprendre les gestes barrières. L’équipe de Marylène Owona Fondatrice de Kouaba, l’agence africaine de marketing intégré et de communication digital, sont aller plus loin en traduisant ces coloriages en langues locales notamment en Ewondo, en Douala et en Bassa et téléchargée plus de 4.000 fois, afin de toucher plus d’enfants. Cette initiative a permis de toucher beaucoup d’enfants de diverses couches en même temps les familles.

Le livret de coloriage de #Mafamille237

Et ce n’est pas fini..

Le collectif Idemi Africa

Quelques membres du collectif Idemi Africa ont aussi mis à disposition plusieurs initiatives comme les affiches de sensibilisations en langues par Mukazali – Alpha Mobe et le lexique Français- Wolof sur le Covid par Geleem Saar qui donne des cours de wolof à Dakar

Plusieurs intervenants ont aussi précisé qu’en Afrique nous écoutons plus que nous lisons et les messages de sensibilisations impactent plus en audio et vidéo qu’à l’écrit. Toutes ces initiatives mériteraient d’être mises en lumière et c’est l’un des challenge de Idemi Africa .

Deuxième partie de MeetIdemiAfrica #1

Les échanges au cours de la deuxième partie de ce webinaire était de questionner la pérennité de toutes ces initiatives.
Les différents intervenants ont touché du doigt la problématique de la multiplicité des langues Africaines. Une autre rencontre est prévu pour poursuivre la discussion.

A la modération…

Toute la discussion a été modérée par Sinatou Saka , membre du collectif Idemi Africa, Journalist-Editorial Project Manager à RFI et france24

Perspectives…

Toutes ces initiatives seront répertoriées sur le site de Idemi.africa dans le répertoire des initiatives en langues Africaines sur Internet. (https://idemi.africa/repertoire )
N’oubliez (et n’hésitez surtout) pas de renseigner également vos initiatives pour les mettre en lumière.

Il faut rappeler que ce webinaire est le tout premier d’une série de #MeetIdemiAfrica organisée par le collectif IdemiAfrica

Le sondage qui a tout lancé 🙂

Annonce MeetIdemiAfrica #2

Nous profitons de l’occasion pour vous inviter à l’acte #2 de #MeetIdemiAfrica qui aura lieu ce 29 Mai 2020 à 18h GMT sur https://meet.jit.si/idemiafrica
Inscrivez-vous pour plus d’interaction https://idemi.africa/webinaire-coronavirus-meetidemiafrica/
Sinon, un live est prévu comme d’habitude sur le chaine Youtube .

En attendant, portez vous bien et à bientôt pour d’autres nouvelles.
#TeamIdemiAfrica

#IdemiAfrica #MaLangueCompte