Le 29 mai dernier, nous avons organisé notre deuxième conférence en ligne avec Cherif Ndiaye, entrepreneur social, blogueur et promoteur de la plateforme éducative gratuite en ligne, “Ecoles Au Sénégal” et Bonaventure Dossou, co-fondateur avec Chris Emezue de la plateforme EdAi qui explore l’application du machine learning dans la traduction des langues africaines.
Pour Cherif Ndiaye, les difficultés suivantes se posent dans son activité.
Traduire des termes scientifiques (comme racine carré) dans une langue africaine. Si souvent, cette traduction peut être imagée, elle est soit trop pointue ou pas assez précise. Plusieurs mots français ont en effet été intégré dans la langue au détriment de la traduction précise du terme
Mais au Sénégal, l’academie du wollof tente de traduire des termes nouveaux comme téléphone ou batterie de téléphone.
Quant à Bonaventure Dossou, il soulève que très peu d’étude existe sur l’application de l’intelligence artificielle dans la traduction des langues africaines. Les seuls qui sont visibles sont celles de Google qui présentent d’énormes limites de traduction notamment sur la reconnaissance d’identité ou les lieux de naissance. Ces limites existent aussi d’ailleurs pour la traduction du français à l’anglais par exemple sur Google Traduction.
En tout cas, l’énorme boulot de Bonaventure Dossou et de son équipe ( déjà 54000 paires de phrase traduites) sont disponibles en open source sur github avec une restriction pour les utilisations commerciales. Il précise aussi que ce travail pourra être utilisé pour d’autres langues africaines, outre le fon, langue béninoise sur laquelle il s’est spécialisé.
“ ça ne sert à rien de développer une application si ça ne profite pas à l’environnement”
La prochaine étape pour EdAi? Sans doute une application performante de traduction et peut être une traduction d’une langue africaine à une autre langue africaine sans passer par une langue occidentale.
Bonaventure Dossou
La question des claviers en langues africaines
On le sait, pour accroître le contenu en langues africaines en ligne, il faudrait vulgariser les claviers dans ces langues. Pour résoudre le problème, Bonaventure a exposé le travail de Fabroni Bill YOCLOUNON qui a développé une série d’outils numériques ( sticker, clavier, etc..) sous le label “ I am Your clounon”. L’application est disponible ici: https://play.google.com/store/apps/details?id=com.fulbertodev.fongbesticker&hl=fr
Pour Cherif Ndiaye, le son est un outil pour contourner la problématique des claviers. La culture africaine étant fortement orale. Ce format est en effet très répandue auprès des populations analphabètes sur Whatsapp et mériterait d’être valorisé par les producteurs de contenus, surtout avec la popularité grandissante des podcasts aujourd’hui.
La question des langues africaines en ligne est fortement similaire à leur réalité dans la société. Leur intégration dans les écoles ou dans des discours politiques participerait à leur visibilité et permettrait aussi aux populations d’être plus décomplexés.
La collaboration comme clé
Une autre piste pour valoriser les langues africaines pourrait être la collaboration entre locuteurs, spécialistes, développeurs de langue française et anglaise sur le continent.
Indépendance technologique
La technologie n’étant jamais neutre, les invités ont soulevé la question fondamentale de la souveraineté technologique africaine afin de produire des applications qui répondent précisément aux besoin de la population. Cette souveraineté passe aussi par la production de contenus, vidéos (recettes de cuisine, conseils, etc…) ou images de qualité, dans les langues africaines.
Revivez ici l’intégralité des échanges
[Replay] Diffusion en direct du Webinaire #MeetIdemiAfrica 2 https://www.youtube.com/watch?v=ICxrKtTNIAA&feature=youtu.be