Pour un internet inclusif et multilingue, le Chapitre Béninois de Internet Society et le collectif Idemi Africa organisent le Bénin UADAY workshop les 24 et 25 mars 2023 à Cotonou. Cet atelier à lieu dans le cadre de la journée internationale de l’Acceptation Universelle sous l’égide de L’UASG (Universal Acceptance Steering Group) et de L’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) . Notons que c’est un atelier pratique, destiné à des participants de différents profils. De ce fait, que vous soyez Étudiants, Développeurs, Administrateurs Systèmes, Chefs projets informatiques ou DSI, vous aurez l’occasion de rendre votre service de messagerie électronique compatible à l’Acceptation Universelle; sinon tout au moins savoir comment s’y prendre.
L’entrée étant libre et gratuite sur inscription, nous vous invitons à vous inscrire et partagez le lien autour de vous. Précisons qu’une attestation de participation sera délivrée à tous les participants assidus aux divers ateliers pratiques.
Pour rappel, l’UASG à pour mission de travailler pour que tous les noms de domaine et adresses électroniques valides fonctionnent dans toutes les applications, tous les appareils et tous les systèmes Internet quelques soit le script d’écriture utilisé.
Aussi, l’ICANN est une organisation à but non lucratif et reconnue d’utilité publique rassemblant des participants du monde entier qui œuvrent à la préservation de la sécurité, la stabilité et l’interopérabilité de l’Internet.
Le Chapitre Benin de l’Internet Society (ISOC BENIN) est partie prenante de l’organisation internationale Internet Society (ISOC). Il a pour mission de promouvoir le développement, l’évolution, et l’utilisation de l’Internet au bénéfice de tous les individus à travers le monde.
Pour le 1er #MeetIdemiAfrica de l’année, nous avons reçu Cécile Canut, pour échanger sur son livre “langage et colonialisme ». Cécile Canut est sociolinguiste et cinéaste, professeure à l’université de Paris, autrice de Provincialiser la langue. Une rencontre animée par Abẹ́djẹ́ Sinatou Saka. IdemiAfrica, les langues africaines plus visibles sur internet
L’école, l’un des éléments majeurs
Il était question de comment les langues coloniales, en particulier le français, sont devenues des langues officielles sur le continent, comment la hiérarchisation s’est imposée, en considérant une langue meilleure que les autres. “Un des éléments majeurs c’est l’école”, précise la chercheuse, car il est considéré que “l’outil le plus valable pour éduquer les enfants, c’est de passer par l’outil occidental.”
Replay de la rencontre avec Cécile Canut – #MeetIdemiAfrica
La notion de bonne langue
A l’inverse de ce qu’il s’est passé en France métropolitaine, où les dialectes et patois ont été effacés, l’impérialisme colonial s’est traduit par l’imposition de la langue française dans les institutions. La notion de bonne langue existe-t-elle pour les langues africaines ? Pour Cécile Canut, “il y avait des pratiques langagières hétérogènes qui ont été plurielles, ça ne veut pas dire qu’il n’y avait pas de catégorisation, mais il n’y avait pas de politique linguistique pour imposer une langue qui serait la seule bonne”, un constat que Cécile Canut dresse surtout pour ses terrains, dont le Mali, où “il n’y avait pas de normes prescriptives”.
Les langues dans l’enseignement sont aussi très peu demandées par les gens, par les parents. Pour un grande partie, l’école c’est apprendre le français
Cécile Canut dans MeetIdemiAfrica
L’espoir avec le cas de Sékou Touré pour les langues africaines
La question de l’école est revenue à plusieurs reprises dans la conversation. Et la chercheuse de rappeler comment l’espoir est né avec Sékou Touré en Guinée, qui a rompu de manière très nette avec la France, également via les langues enseignées à l’école. Ailleurs, les expérimentations sont malheureusement restées des expérimentations. “Les langues dans l’enseignement sont aussi très peu demandées par les gens, par les parents. Pour un grande partie, l’école c’est apprendre le français”, alors qu’ils percevaient l’école en langue comme “une école au rabais, parce qu’il n’y a pas de place ailleurs, avec toujours le point de départ de la hiérarchisation, pour trouver du travail par exemple, c’est par le français”. Pourtant, le français est parfois à l’origine de l’échec scolaire d’élèves qui ne maîtrisent pas cette langue.
Le Français, langue de dictature pour les langues africaines?
La pression de la France et des défenseurs de la Francophonie étaient aussi à l’ordre du jour. Pourquoi dit-on que le français a un bastion en Afrique alors que la majorité des gens continuent de parler leur langue ? Sans doute parce qu’on ne le mesure pas vraiment et parce qu’il manque des enquêtes sur la réalité des pratiques. Exemple ? La proportion de personnes qui parlent le français à l’école et nullement en dehors. A bon entendeur !
N’est-il pas temps de mieux connaître notre histoire africaine et d’y réfléchir ensemble ? Pour s’encourager et avancer tous ensemble, venez échanger avec Cécile Canut, autrice de Provincialiser la langue, ce dimanche 9 janvier 2022.
C’est la première rencontre de cette année riche pour Idemi Africa et on vous attend nombreux.
Lorsqu’ils ont colonisé l’Afrique, les Européens y ont imposé leur conception idéologique du langage. Cette idéologie s’est traduite par la mise en œuvre d’un véritable impérialisme linguistique : outre l’imposition des langues européennes, les missionnaires, puis les administrateurs coloniaux ont façonné des « dialectes africains ». Si une telle vision, relayée par une partie des élites africaines et confortée, aujourd’hui encore, par les institutions de la Francophonie, a largement survécu aux indépendances, elle n’a jamais cessé d’être contestée – avec succès.
C’est précisément de cette idéologie et de ces succès que Cécile Canut viendra nous parler avec les conséquences théoriques et politiques.
Obtenez votre lien de participation en remplissant le formulaire ci-dessous
POUR LA PROMOTION DES LANGUES LOCALES EN AFRIQUE: CAS DU KIRUNDI AU BURUNDI Prof. Constantin NTIRANYIBAGIRA et Prof. Clément BIGIRIMANA Université du Burundi
En Afrique, les langues locales sont relativement déconsidérées au profit de celles internationales qui sont généralement héritées de la colonisation. Dans le cas d’espèce, le Burundi ne fait pas exception, même si les choses commencent actuellement à bouger dans le sens de rectifier le tir. Le Burundi est un petit pays avec une superficie de 27.834 km2. Cependant, il a une population estimée actuellement à 12 millions partageant majoritairement une même langue : le kirundi. En plus de cette langue, le Burundi compte trois autres principales langues, à savoir le kiswahili, le français et l’anglais. Sur le plan fonctionnel, la loi de 2014 portant statut des langues au Burundi accorde au kirundi et au français le statut de langues d’enseignement et de langues enseignées, tandis que l’anglais et le kiswahili sont des langues enseignées. Au niveau de la Communauté Est-Africaine, l’anglais est érigé en langue officielle et le kiswahili hérite le statut de langue de communication régionale. Ainsi, l’on peut affirmer que l’univers linguistique burundais est caractérisé par un multilinguisme à la fois social et officiel. Mais quelle est réellement la place ou le rôle du kirundi dans ce paysage linguistique? Quelles actions ont-elles déjà été accomplies pour la promotion de cette langue ?
Le kirundi, une langue multifonctionnelle non encore considérée à juste titre
Le kirundi est une langue Bantu synthétique appartenant au Groupe D. 62 de la Zone Centrale. En plus d’être la première langue officielle, cette langue remplit également les fonctions de nationale et de langue première (maternelle) pour la majorité de Burundais. Vu ce caractère multifonctionnel du kirundi, il devrait occuper le haut du pavé par rapport à son poids socioprofessionnel ; ce qui n’est malheureusement pas le cas. Ce propos se base sur le fait qu’aucune langue ne peut être considérée d’emblée comme supérieure aux autres. Seuls diffèrent le degré et les sphères d’utilisation qui, eux aussi, se fondent dans la plupart des cas sur des critères largement subjectifs (Boyer, 2004)
L’Académie Rundi, une lueur d’espoir
Avec une équipe de 15 Académiciens Rundi (Personnalités reconnues pour leurs compétences, leur expérience et leur engagement dans la promotion de la langue et de la culture rundi), l’Académie Rundi pourra contribuer à la promotion du kirundi si ses missions sont réellement remplies. Cet organe est chargé d’assurer la promotion de la recherche sur la langue et la culture rundi, en collaboration avec les institutions de formation et de recherche ; de promouvoir et créer des œuvres linguistiques, littéraires, artistiques et culturelles rundi ; de participer à la codification des normes et valeurs de la langue et de la culture rundi ; de promouvoir la recherche toponymique et la nomenclature rundi ; d’authentifier les traductions en kirundi des textes ou documents en langues étrangères ; d’appuyer et valider les programmes d’enseignement de la langue rundi ; de promouvoir le kirundi comme langue d’enseignement ; de créer et valider les terminologies importées d’autres langues; de créer et mettre à jours régulièrement un dictionnaire kirundi de référence ; et de promouvoir l’écriture et la lecture du kirundi. Pour réussir ses missions, l’Académie Rundi est dotée de deux organes à savoir : Le Conseil Académique de l’Académie Rundi, qui en est l’organe suprême (celui-ci est composé d’experts dans le domaine de la langue et de la culture rundi) et le Secrétariat Exécutif Permanent de l’Académie Rundi.
Le kirundi et les TIC
Avec les TIC, les langues en général et le kirundi en particulier font face à des problèmes terminologiques majeurs. Pour le kirundi, l’usage des termes en rapport avec les TIC souffre essentiellement de trois (3) obstacles majeurs, à savoir la traduction de l’existant, la création de nouveaux mots sans devoir recourir aux divers emprunts et l’insécurité linguistique que subissent les kirundiphones. Pour la traduction des termes qui existent déjà en anglais et en français, l’aspect structural des langues concernées pose un problème important. En effet, l’anglais et le français étant des langues analytiques, il est extrêmement difficile de traduire lesdits termes en kirundi (langue synthétique ou agglutinante). Un mot en anglais ou en français peut équivaloir à deux ou plusieurs mots kirundi ou vice-versa. Les quelques exemples suivants, tirés du référentiel des expressions numériques en langues africaines, illustrent ce propos :
Page d’accueil (3 mots): ishikiro (1 mot). L’autre obstacle important à surmonter découle du caractère récent de la tradition numérique au Burundi. Le kirundi dispose en effet de très peu de termes qui renvoient aux TIC, ce qui fait qu’on doit souvent recourir aux emprunts divers ou à des néologismes approximatifs qui n’équivalent pas parfaitement aux termes « originaux ». Ainsi, les termes créés ne sont pas réellement utilisés par les usagers de la langue parce que non parfaitement adéquats pour représenter les référents/réalités en question.
Ordinateur (Inyábwoónko : outil avec un cerveau) ; ►Le disque dur équivaut-il à un cerveau ?
Internet (Ingurukanabumenyi : outil « volant » qui répand les connaissances) ; ►Pourtant, l’internet ne vole pas et ne répand pas que des connaissances.
Unité centrale (igitwé c’íimáshiíni : la « grosse » tête de la machine). ►L’unité centrale est-ce une tête ?
En définitive, l’insécurité linguistique des kirundiphones peut notamment expliquer la situation mentionnée (Bigirimana, 2017 ; Ntiranyibagira, 2017). En effet, l’ « infériorité » socioprofessionnelle du kirundi par rapport à l’anglais et au français (variétés hautes) est justifiée à certains égards par le « rejet » du premier sur base des représentations des locuteurs. En plus, le recours aux emprunts par les kirundiphones en lieu et place des néologismes (quand ils existent !) n’est pas étranger à ces préjugés que véhiculent les usagers des différentes langues en présence. Mais, il y a lieu d’espérer une évolution positive du statut du kirundi. En effet, suite à l’exécution des missions assignées à l’Académie Rundi, cette langue gagnera en visibilité, en standardisation et en promotion. Également, avec le concours de certains partenaires, dont IDEMI-Africa, l’on peut espérer un lendemain meilleur non seulement pour le kirundi mais aussi pour d’autres langues africaines qui ont relativement raté le train des nouvelles technologies.
Tribune des Prof. Constantin NTIRANYIBAGIRA et Prof. Clément BIGIRIMANA de l’Université du Burundi
N’oubliez pas, notre série de 4 ateliers d’écriture en ligne continue. La prochaine session aura lieu le 26 Novembre 2021 à 11h GMT. Réservez votre place en cliquant ici: ou en remplissant le formulaire ci-dessous.
À chaque atelier, une initiative sera toujours mise en avant.
série de 4 ateliers prévue entre septembre et Décembre 2021. Tous les derniers vendredis du mois à partir du 24 septembre 2021 à 11h GMT
Ce formulaire ne reçois plus de nouvelles inscriptions. Merci de regarder sur la page des activités du site l’événement en cours. https://idemi.africa.agenda
Merci et bien cordialement,
TeamIdemiAfrica
Face à l’utilisation massive des réseaux sociaux sur le continent , nous devons prendre en charge et encourager la traduction des termes liés à la protection des données personnelles dans les langues africaines. La bonne compréhension des conditions d’utilisations des services en ligne qui sont souvent dans un langage non accessible par la grande masse est un préjudice énorme pour l’exercice des droits des utilisateurs. Les récentes menaces de Facebook quant à l’acceptation de ses nouvelles conditions d’utilisation de Whatsapp est un cas d’école. Sans l’appropriation des nouveaux concepts numériques, les données africaines continueront d’être bradées sur le grand marché de l’économie numérique. Du côté d’Idemi Africa, nous organisons régulièrement des ateliers afin de traduire des mots numériques du web 2.0 dans les langues africaines. Ces ateliers, riches de créativité, nous permettent de familiariser les internautes avec les langues africaines, de traduire des termes simples et courants de notre vie numérique comme “fil d’actualité” et ainsi encourager les Africains à parler leurs langues sur les réseaux sociaux. La deuxième étape est donc de créer des groupes spécifiques pour les traductions plus techniques et ensuite de faire adopter ces nouveaux mots dans les médias locaux ou les groupes whatsApp les plus populaires.
N’oubliez pas, notre série de 4 ateliers d’écriture en ligne continue. La prochaine session aura lieu le 29 Octobre 2021 à 11h GMT. Réservez votre place en cliquant ici: ou en remplissant le formulaire ci-dessous.
Le Wolof sera à l’honneur avec El hadji Ibrahima DIAGO, Software engineer, Entrepreneur et Fondateur de Wolof tech, un podcast dédié à la technologie en wolof
série de 4 ateliers prévue entre septembre et Décembre 2021. Tous les derniers vendredis du mois à partir du 24 septembre 2021 à 11h GMT
Ces ateliers collaboratifs sont organisés pour susciter l’émulation autour de la présence des langues africaines sur internet en commençant d’abord par obtenir une base de données qui sera exploitée pour le développement des sites / applications ou la traduction des CMS (WordPress) en langues africaines.
Le principe est simple: nous mettons à disposition un référentiel de termes et expressions du numérique en français/anglais que les participants transcriront dans la langue qui leur conviendrait avec quelques ressources qui leur faciliteront la tâche. C’est une occasion de rencontre des locuteurs de langues Africaines.
Pour un internet ouvert, accessible et équitable, il urge que nous produisons du contenu sur internet dans nos langues.
Molá Kɔŋgɔ́ de Académie de la Langue Duálá et association Duálá ó Muléma
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En exclusivité, les Pr Clément BIGIRIMANA et Constantin NTIRANYIBAGIRA de l’Université du Burundi seront à nos cotés pour nous présenter les résultats des recherches sur le kirundi et les particularités de cette langue en matière de traduction.
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Invités:
Enseignant chercheur à l'Université du Burundi
Spécialité : Sciences du langage
Secrétaire Exécutif Permanent de l'Académie Rundi
Ministère de l'Education Nationale et de la Recherche Scientifique
Enseignant chercheur à l'Université du Burundi
Vice-Doyen de l'Institut de Pédagogie Appliquée
Responsable de l'équipe 3DL du CRDS
Spécialité : Sciences du langage
90 minutes, tel un match de football, c’est le temps consenti ce jeudi 03 Juin 2021 par un groupe de volontaires pour traduire quelques expressions du numérique en langues africaines sur internet. C’était à l’atelier du collectif IdemiAfrica dans le cadre #ContribuLing 2021. Ensemble, nous avons réalisé plus d’une centaine de nouvelles contributions dans le référentiel des mots ou expressions du numérique. Il s’agit du Duala, Fongbé, Kabyè, Kirundi, Lingala, Mina, Pular, Swahili et Yoruba. Ces langues peuvent être compléter selon le profil des participants.
Revivez ici la rediffusion de l’atelier collaboratif d’écriture en langues africaines sur internet de IdemiAfrica dans le cadre de ContribuLing 2021.
Replay atelier de Idemi Africa au Contribuling 2021
Vous y avez été nombreux et C’est l’occasion pour le collectif IdemiAfrica de remercier sincèrement tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, y ont participé en particulier les organisateurs, partenaires, contributeurs et participants pour cette excellente opportunité. Le référentiel des expressions du numériques en langues africaines est disponible sur notre site web https://idemi.africa/ateliers et les contributions sont toujours ouvertes.
Les échanges ont commencé par la présentation du collectif Idemi, ses objectifs et le contexte de l’atelier par Sinatou. Bill Fabroni nous a justifié son choix du Fongbé parmi la soixantaine de langues locales que compte le Bénin. Aussi, il a présenté l’univers #Iamyourclounon (lien drive) et le clavier des langues Béninoises et Africaines qui est utilisé comme support d’écriture. Ensuite, place à la pratique de l’écriture en langues en traduisant les mots ou expressions du numérique présent dans le référentiel dans les langues africaines disponible.
Que ça soit la (re)découverte du clavier keyman et des polices de caractère de la SIL qu’on peut aussi utiliser pour écrire en langues africaines sur ordinateur ou de l’alphabet adlam (merci Mola KONGO et Elvis MBONING); ce fut de riches moments de partage et d’échange sur les outils et ressources disponible pour l’exercice.
Le savez-vous?
Il existe au Togo deux académies nationales des langues mises en place par l’état depuis les années 1975: Le #Kabyè et le #Ewé.
Ces langues, jusqu’à un passé récent, étaient enseignées dès le primaire jusqu’en 6è voir même au collège.
En tout cas, si l’aventure de l’écriture en langues africaines sur internet vous tente, le prochain atelier aura lieu le vendredi 24 Septembre 2021 à11h GMT. Réservez votre place via le formulaire ci-dessous
Le Collectif Idemi Africa est heureux de vous annoncer qu’il sera présent au #ContribuLing 2021. Encore une fois, à travers un atelier collaboratif en ligne, nous allons ensemble traduire des mots numériques en langues africaines sur Internet.
Si vous pouvez transcrire du Français et/ou Anglais vers n’importe quelle langue africaine, vous êtes les bienvenu(e)s. Du Fongbé au Yoruba en passant par le Ewé, le Lingala, le Pulah, le Lingala ou autres, les participants ont le pouvoir d’impacter avec leur langue.
L’événement #ContribuLing 2021, co-organisé par l’INALCO, #Wikimedia, la #BULAC et l’ #UQAM a lieu les 3 et 4 juin 2021 (entièrement en ligne) et propose des sessions de présentations et/ou d’ateliers à propos des plateformes contributives. Pour plus de détails sur l’événement, consulter la page https://meta.wikimedia.org/wiki/ContribuLing/fr
Dans ce cadre, l’atelier de #IdemiAfrica est prévu pour le Jeudi 03 Juin 2021 à partir de 14h30 GMT.
Tout comme nos précédents ateliers d’écritures en langues Africaines, nous allons transcrire certains termes numériques courants dans nos langues avec quelques ressources disponibles. Nous mettrons à disposition des référentiels en Français/Anglais afin que les participants traduisent ces termes dans la langue qui leur conviendrait.
Gerald Roche est anthropologue et chercheur principal à l’Université de La Trobe, et auparavant à l’Institut asiatique de l’Université de Melbourne. Ses recherches portent sur les politiques de mise en danger et de revitalisation des langues, avec un accent régional sur le Tibet. Il a récemment co-édité le Routledge Handbook of Language Revitalization. Son projet de recherche actuel porte sur la politique ethnique et la diversité linguistique dans les régions tibétaines de Chine. L’étude examine la situation sociolinguistique de la population de Rebgong, une région multiethnique et multilingue du plateau du nord-est du Tibet où les Monguor constituent une minorité linguistique.
Que pensez-vous de la situation des langues minorisées sur internet ?
Je pense que le grand problème pour les langues dans les espaces numériques est que les politiques du monde réel ont tendance à se reproduire dans l’espace digital: le même déséquilibre des ressources, les mêmes hiérarchies de respect et de valeur, les mêmes stéréotypes et préjugés.
Ainsi, par exemple, Internet est toujours un environnement dominé par le texte, et il y a cette idée que pour que les langues soient présentes sur Internet, elles doivent être réduites au texte — même s’il existe d’énormes possibilités d’avoir une présence en ligne dynamique. Lorsque des langues minorisées pénètrent l’espace numérique, elles sont souvent soumises aux mêmes normes de présentation que des langues bien mieux dotées en ressources. Ainsi, par exemple, lorsque le COVID-19 a commencé à se répandre en Chine, le gouvernement ne fournissait pas d’informations dans les langues locales. Les communautés ont elles-mêmes entrepris le travail de traduction et produit des vidéos expliquant des informations vitales sur la santé publique dans les langues locales. Mais certaines personnes dans ces communautés ont réagi en disant que les vidéos n’étaient « pas professionnelles ». Même lorsqu’ils obtenaient des informations vitales dans leur langue, les gens jugeaient toujours nécessaire de juger le contenu en fonction des normes établies par des langues bien mieux dotées en ressources.
Pourquoi la diversité linguistique est-elle importante sur Internet?
Mon approche est de me concentrer sur les gens qui parlent ces langues plutôt que sur les langues elles-mêmes. Je pense que la langue est une question de justice sociale. Donc, ce n’est pas seulement que la diversité linguistique est négligée sur Internet, il est important de dire que l’Internet doit être un espace ouvert où tout le monde peut participer de manière égale. Il devrait être un espace où les gens ne subissent pas de discrimination. Mon objectif n’est pas de promouvoir la diversité linguistique pour elle-même mais de réduire la discrimination et d’accroître l’égalité fondamentale pour que ceux qui parlent les langues minorisées soient également entendus.
Comment la langue affecte-t-elle notre expérience Web?
Deux choses sont importantes ici. Premièrement, la langue peut créer des «bulles de représentation». Par exemple, je faisais des recherches sur Internet en tibétain. Les questions qui sont discutées, la façon dont les choses sont représentées, etc., sont totalement différentes des questions liées au Tibet sur Internet en anglais. Et deuxièmement, les mouvements politiques ont tendance à voyager à travers la langue dans les hiérarchies de pouvoir. Ainsi, par exemple, des communautés linguistiques plus petites et plus démunies sont susceptibles de connaître des luttes politiques plus vastes, mais pas l’inverse. Et cette inégalité dans la popularité des mouvements politiques est produite par les mêmes mécanismes qui produisent les inégalités politiques. Cela signifie que les «puissances» de l’analyse et de la production de théories ont tendance à produire des idées qui ont une pertinence limitée pour des luttes plus petites et des communautés plus localisées.
Je pense qu’à certains égards, nous pouvons penser que la «construction d’Internet» reproduit les mêmes problèmes qui se sont posés lors de la construction du système mondial d’États-nations, liés entre eux par le capitalisme mondial. Il a des dimensions à la fois locales et mondiales — il établit des hiérarchies au sein des États et entre eux. Et dans les deux cas, il y a des gens qui sont plus ou moins opprimés par ce processus. Comme Fanon a parlé des damnés de la terre, je pense que nous pouvons aussi penser aux « damnés d’Internet» …
Que proposez-vous ?
Par exemple, en Australie, j’aimerais voir tous les jours des sites d’actualités nationales ayant du contenu dans les langues autochtones en première page. Je pense que ce serait un excellent moyen de rappeler aux locuteurs de langues dominantes, qui en Australie sont souvent monolingues, l’existence d’autres langues … rappelant ainsi aux gens qu’il y a une différence, et donc une hiérarchie et des inégalités importantes. Mais en général, je pense que nous devons affronter le privilège des langues dominantes. Nous pensons souvent que l’activisme numérique pour les langues opprimées concerne l’autonomisation et l’inclusion — plus de plateformes, plus d’outils, plus de voix, etc. Et c’est bien. Mais ils ne suffisent pas si nous ne confrontons pas la domination injuste des autres langues. Si nous ne faisons que donner du pouvoir, nous invitons essentiellement les personnes et les communautés dans un environnement hostile. Cet environnement doit changer.
Cet article a été rédigé dans le cadre de la bourse pour les médias décerné par Paradigm Hq, une organisation qui milite pour les droits numériques en Afrique.